Bonjour!
J'ai acheté il y a déja quelques temps un trés vieux cadre avec une jolie plaque : "Lebrun, Toulouse". J'ai entrepris de le restaurer, et ça devrait m'occuper pour plusieurs confinements! Je poste ces photos afin de demander aux spécialistes leur opinion sur ce vélo, notamment son époque. Les première images sont issues des forums Vélo Vintage à gogo et Tonton Vélo; elles ont été publiées par un certain KGB, qui possédait le vélo avant moi. Tout renseignement me ferait un immense plaisir. Merci d'avance!
Le cadre était noir, deux couches, la première d'une qualité genre "tuyeau-de-poële", celle de dessous étant d'origine. Pas de marque apparente. Juste un numéro coté gauche du tube de selle, sur le manchon: 6268.
Les roues sur les photos ont été changées: je l'ai récupéré avec deux "chapeau de gendarme", 700B devant, 700C derrière. j'aimerais récupérer le moyeu AR afin de rayonner une autre jante (neuve, pourquoi pas?), mais je n'ai pas encore trouvé un démonte-roue-libre qui correspond.
Une des pattes de fourche avait été modifiée: la première chose à faire était donc de refermer cette patte. C'est mon papa et son chalumeau magique qui ont gentiment brasé les pièces que j'ai fabriquées dans divers morceaux de feraille, pour la fourche et pour la suite.
Ensuite, fabrication de deux nouveaux haubans, de l'entretoise coudée et des deux petites clés qui se boulonnent sur le tube de selle. Les haubans d'origine (diam. 16 mm) étaient la partie malade du cadre, et c'est pas peu dire! J'ai fabriqué les neufs dans du tube d'acier de même diamètre, cintrés à la main et à froid. Il aurait fallu les aplatir au niveau des pattes arrière: j'ai pas osé. Au chalumeau, je vous présente mon père.
Un petit montage à blanc, histoire de voir à quoi ça ressemblera. Au remontage, l'idée m'est venue que le pédalier n'était pas d'origine: le perçage de l'axe dans les manivelles est ovale, on dirait qu'il a été (mal) agrandi ; les clavettes sont en 10 mm de diamètre, mais celle qui reste tombe mal dans son logement, la couronne effleure le cadre, et la manivelle droite a été tordue pour ne pas coinçer contre la base droite. Une trés ancienne modif', peut-être? Ca tenait par une sorte de miracle, mais je ne remonterai pas ça comme ça.
Je me suis occupé de la plaque, en attendant l'énorme travail de limage des brasures et ponçage du cadre. Dégraissée pour enlever les restes de "noir-tuyeau-de-poële", puis restaurée au Bellegomme alu; j'ai découvert des restes de noir (d'origine celui-là) entre les lettres, alors j'ai repeint le fond de la plaque avec du noir émail. Deux heures et demie de travail avec une aiguille à coudre et du silence. Puis une couche de vernis... qui a bouffé la peinture. Nettoyage au diluant et recommence! Le résultat, style "avant/aprés":
La suite; confiné avec ma lime et mon vélo, pas le temps de m'ennuyer!
Le guidon, dérouillé, ponçé, poli au papier fin; puis verni, ce qui reste une solution facile quand on n'a pas un chromeur prés de chez soi.
Pour finir, même punition pour le pédalier. Je ne le remonterai pas, mais ça occupe.
La suite : car il roule, enfin!
J'ai décidé de faire de ce vieux cadre un "pot-au-feu" : on ouvre le placard et on s'arrange avec ce qu'on y trouve. Deux confinements plus tard j'ai eu la joie immense de pouvoir pédaler sur ce vélo qu'on me conseillait encore, il y a quelques mois, de mettre à la ferraille.
Bien entendu, il ne faut pas trop regarder les finitions, genre longueur des vis etc. J'ai tout adapté à la main, à la lime voire à la perçeuse à colonne (en attendant de trouver un tour d'établi).
Les détails : le pédalier d'abord. C'était à l'origine un axe de trés gros diamètre, apparemment introuvable, qui en plus était cassé. Les cuvettes étaient elles aussi plus larges que les standards habituels des vélos depuis les années quarante, donc impossible d'adapter quoi que ce soit.
La solution était simple : un pédalier axe carré, (un Stronglight neuf dans sa boîte s'il vous plaît), monté entre les deux cuvettes d'origine, avec deux cales cylindriques entre cuvette et roulement pour l'ajustage. Comme si c'était neuf!
La fourche : j'ignore si elle appartient vraiment au vélo. Les cuvettes s'ajustent mal au cadre, et la portée de billes était presque un millimètre trop large pour la fourche. Je n'avais en plus, aucune bille de fournie. Le tout devait être monté avec une cuvette supérieure comprenant un collier de fixation, ce qui expliquerait la longueur du filetage de la fourche. Il a donc fallu trouver une entretoise. La potence a été ajustée à la lime puis au papier de plus en plus fin, puis polie. Faut vraiment qu'un virus sévisse pour se retrouver à faire des trucs pareils!
La solution : pour les billes, j'ai pas eu le choix, j'ai dû ouvrir ma boîte de 800g de billes récupérées à droite-à gauche, et les classer par diamètre, une par une, au pied à coulisse. (A faire en regardant un film trés long et trés calme!)
Pour l'entretoise, un rondin de cuivre, trouvé dans le fatras dont se sert un tourneur pour improviser des cales. Coup de chance, elle était du diamètre parfait et de la bonne hauteur, je n'ai eu qu'à la polir; elle s'accorde trés bien, je trouve, avec la plaque de cadre et le graisseur au pédalier!
Du coup, la potence est d'un modèle ultra-courant, ce qui facilite un peu les choses. J'ai passé des heures à polir ce guidon Belleri qui était bien oxydé. De toutes façons, je suis plus à un anachronisme prés!
Quant à la portée inférieure, dans le même fatras, une cale en acier a fait l'affaire. Elle était quelques dixièmes trop grande : en la coupant en trois morceaux, elle s'est parfaitement ajustée. Dommage, j'ai pas pensé à faire de photos...