Récemment, il y a eu un petit tremblement de terre dans le monde des collectionneurs de vélos de course lorsque les vélos de Jacques Mercet ont été découverts.
J'écris ce post pour diverses raisons.
La première raison est que je le connaissais bien car j'étais l'un de ses derniers clients.
J'étais alors un jeune étudiant et il avait plus de 73 ans et sa légende était déjà écrite.
Mais aussi parce que j'ai lu beaucoup d'erreurs à son sujet dans différents forums.
Il y est dit, par exemple, qu'il aurait réalisé environ 400 cadres et habité la ville de Renens.
Tout cela est faux.
Tout d'abord, il a fabriqué moins de 300 cadres et cela en 50 ans d'activité...
C'est peu me direz-vous, mais il faut savoir qu'il ne fabriquait des cadres que sur son temps libre, et ce dans une cave de 20 m2 !
Construire des vélos de course n'était rien de plus qu'un passe-temps, ou plutôt une passion dévorante.
Je vais donc faire de mon mieux pour faire un bref résumé de sa vie et de son œuvre.
Je suis en train d'écrire un livre sur l'homme et son œuvre. Il sera publié fin 2024 et contiendra beaucoup de matériel et environ 30 vélos de course, qui seront décrits à la fois esthétiquement et techniquement.
Jacques Mercet (1921-2001)
Mercet est né dans la commune de Moudon (commune de 2600 habitants à l'époque) mais vient de la petite ville d'Echichens près de Lausanne, de condition modeste et à une époque où la vie était difficile, et oui même en Suisse la vie était difficile...
La ville de Moudon au temps de Mercet
La première exposition de Mercet au cyclisme remonte à l'âge de 10 ans lorsqu'il a trouvé un vieux vélo dans une décharge et a essayé de le remettre en état de rouler du mieux qu'il pouvait.
C'est ainsi que le virus est arrivé...
Comme Mercet était plus enclin aux travaux manuels qu'aux études, il fait un apprentissage de ferblantier-couvreur.
Voici son certificat d'aptitude
Puis vint la guerre et il la passa avec les troupes cyclistes
Son livret militaire
Au début des années 1950, il s'installe à Lausanne et commence à travailler au service de la poste, le téléphone et le télégraphe.
Il était responsable de l'installation et de la maintenance des lignes à haute tension dans la région lausannoise.
Il passera toute sa carrière dans cette entreprise et, comme déjà écrit, fabriquera des vélos de course pendant son temps libre.
L'oeuvre de sa vie.
Les vélos de route Mercet, tous fabriqués sur mesure, occupent une place méconnue dans l'histoire du cyclisme sur route.
C'est en partie à cause de leur rareté, car on parle de moins de 300 cadres fabriqués au cours de sa vie, et en partie à cause de la qualité et de la perfection dans la construction des vélos de course. Qualifier ses vélos d'œuvres d'art n'est cependant pas exagéré. il est également important de rappeler que ses vélos étaient chers, difficiles d'accès, exclusifs et entourés d'une aura de mystère.
Pour preuve : un Mercet coûtait jusqu'à trois fois plus cher qu'un haut de gamme de chez Bianchi, Colnago ou Pinarello.
La fabrication d'un cadre brasé à son apogée (1979 - 2001) nécessitait jusqu'à 50 heures de travail, puis le chromage ou la dorure ou la peinture suivirent, puis l'assemblage des composants.
Une de ses réalisations.
Un cadre brasé à l'argent dans son jus quand je l'ai retrouvé l'année passée
Un tremblement de terre, où ça ? Un lien ?
Combien de vélos Mercet sont-ils connus actuellement ? Je suppose qu'ils sont principalement en Suisse, voire peut-être exclusivement.
Des gros collectionneurs allemands, hollandais, anglais etc. ont lâchés leurs chiens pour en trouver depuis une année environ, car avant ils étaient connus uniquement en suisse romande.
Difficile de dire combien il en reste, mais depuis 3 ans j'en ai répertorié une cinquantaine, dont un au Japon et un autre aux USA.
J'estime qu'il doit en rester moins de 100 en tout et sans porter trop d'attention à leur état.